La micro-ferme, modèle agricole pour le 21ème siècle ?
Dernièrement,
nous évoquions une tendance durable pour produire soi-même son propre
jardin : le micro-jardin. Aujourd’hui, c’est un autre modèle que nous
vous présentons : la micro-ferme. Zoom sur les avantages d’un tel procédé.
Micro-ferme : une ferme de moins d’un hectare
La micro-ferme, comme on le devine aisément à son appellation, est une ferme de petite surface. Généralement, moins d’un hectare. Il s’agit d’un agrosystème à la fois naturel et très productif, qui fonctionne avec un recours minimal aux énergies fossiles.Les cultures maraîchères y sont réalisées à la main, ce qui permet une densification de la production.
Des études menées notamment à la ferme biologique du Bec Hellouin démontrent que 1000m2 cultivés en maraichage diversifié permettent de créer une activité de plein temps économiquement viable.
Micro-ferme : quid de la rentabilité ?
Les résultats confirment ce que le pionnier américain de la culture sur buttes, John Jeavons, annonçait dans les années 70 : il est possible de produire autant de légumes à l’heure en travaillant à la main, qu’avec un tracteur !Attention cependant, chaque jardin dépend de son environnement naturel et social, ainsi que des aspirations et ressources du jardinier.
La création d’une micro-ferme est plutôt aisée mais il ne faut pas sous-estimer les compétences nécessaires à mettre en oeuvre pour la concevoir et la gérer. Elles sont parfois plus complexes que dans une approche mécanisée. Cependant, la micro-ferme a bien des avantages.
Micro-ferme : elle a plus d’un tour sans sa manche
La micro-ferme présente de nombreux avantages :- les charges sont bien moins importantes sur une surface réduite. La mécanisation est plus anecdotique, les accessoires sont plus petits (serres, etc.) donc moins chers etc.
- sa taille permet à l’agriculteur d’être plus minutieux, plus précis et de mieux soigner sa terre et ses plantes.
- il est plus facile de trouver des petites parcelles dans un contexte d’urbanisation galopante. Les collectivités territoriales, les propriétaires fonciers pourront plus facilement mettre à disposition de telles surfaces. Le modèle est donc plus aisément reproductible.
- le travail de l’agriculteur est plus agréable quand son environnement est à taille humaine.
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Zoom sur la ferme du Bec Hellouin
La Ferme du Bec Hellouin, en Haute-Normandie, a un objectif : prouver que des micro-fermes en permaculture, sans intrants ni pétrole, peuvent garantir une production locale et durable de produits bio de qualité.L’histoire commence en 2003 par la création d’un potager bio, conçu au départ pour nourrir la famille avec des aliments sains. Puis, Perrine et Charles Hervé-Gruyer accèdent au statut d’agriculteurs bio, sans bagage agricole ni formation. Charles souligne « nous avions un tel niveau d’inexpérience qu’il n’y a pas une erreur que nous n’ayons faite ».
La ferme du Bec Hellouin : composer avec quelques difficultés
L’aventure s’est avérée être un véritable parcours du combattant. Au Bec, le sol est médiocre : une couche de terre arable d’à peine une vingtaine de centimètres recouvre un lit de silex et de graviers.Mais nul découragement : Perrine et Charles plantent des arbres, creusent des mares, sculptent la terre, s’entourent d’animaux (ânes, poneys, poules, moutons de l’île d’Ouessant).
Puis fin 2008, le couple découvre la permaculture. Une vraie révélation.
A partir de ce moment là, Perrine et Charles s’efforcent d’adapter à leur ferme ces principes créés par Bill Mollison et David Holmgren. Ils s’inspirent des écosystèmes naturels pour concevoir des installations humaines, harmonieuses et durables, économes en énergie et en travail.
La ferme du Bec Hellouin : des résultats probants grâce à la permaculture
Le couple élabore sa propre méthode de maraîchage associant principes de permaculture, technologies modernes de l’agriculture biologique et savoir-faire des anciens.Et à la ferme du Bec Hellouin, les rendements ne tardent pas à augmenter dépassant ceux des fermiers bio travaillant sur de plus grandes surfaces en agriculture mécanisée.
Le secret, le couple le livre ainsi « choisissez toujours la plus petite parcelle de terre possible, mais cultivez-la exceptionnellement bien ».
Pour enrichir les sols, le couple mise sur un apport massif de fumier décomposé et de compost. Il teste également des solutions innovantes comme le biochar, un charbon de bois microporeux incorporé au sol, associé à des micro-organismes efficaces.
Le soleil est la source d’énergie presque exclusive de la ferme qui n’a plus recours ni aux énergies fossiles ni à aucun intrant biologique extérieur.
Au total, plus de 800 variétés sont cultivées au Bec Hellouin : légumes, fruits, plantes aromatiques et médicinales.
Cette diversification des cultures apporte une sécurité économique plus grande, renforcée par une commercialisation de la production en vente directe, auprès d’AMAP et de restaurants gastronomiques qui assurent au couple un revenu régulier et stable.
La ferme du Bec Hellouin : sous les feux des projecteurs de la recherche
Depuis 2014, des agronomes français et étrangers sont venus visiter Bec Hellouin. Parmi eux, des chercheurs de l’INRA et d’AgroParis Tech qui souhaitent valider scientifiquement l’expérience et tenter de la modéliser.En résulte un projet de recherche baptisé « Maraîchage biologique en permaculture et performance économique ». Démarrée fin 2011, l’étude devrait prendre fin cette année.
Les hypothèses à valider ? Est-ce possible de créer une activité à plein temps en cultivant 1000m2 en maraîchage bio permaculturel ? Peut-on prouver, à l’encontre de la pensée dominante, que cultiver à la main, sans intrant ni énergie fossile, une petite surface permet de mieux tirer son épingle du jeu qu’à la tête d’une grosse exploitation mécanisée ?
Plus d’infos sur cette micro-ferme : www.fermedubec.com
Ce type de micro ferme qui crée de l’humus au lieu de le détruire, stocke du carbone, enrichit la biodiversité tout en embellissant les paysages pourrait donc favoriser l’essor de l’agriculture urbaine et péri-urbaine. Alors, êtes-vous convaincus par le modèle de la micro-ferme ?
A noter que les premiers résultats de l’étude ont été encourageants. Au cours de l’année 2012-2013 marquée par des conditions climatiques défavorables, les 1000m2 cultivés ont permis de dégager un revenu de 32 000 euros pour une charge de travail de 1400 heures pour une personne.
Source: http://www.consoglobe.com/micro-ferme-cg/2
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